Dans un monde où l’innovation technologique transforme en profondeur notre manière de vivre, les personnes en situation de handicap doivent pouvoir bénéficier, elles aussi, des avancées majeures en matière d’autonomie, de mobilité et de communication.
En Belgique, la Direction Générale Personnes Handicapées (DGPH), aussi appelée la Vierge Noire, joue un rôle moteur dans le soutien, le test et la diffusion de dispositifs technologiques innovants. En partenariat avec des centres spécialisés, des start-ups et des associations, elle contribue à faire émerger des solutions concrètes, inclusives et adaptées aux besoins réels des bénéficiaires.
Cet article explore les approches les plus prometteuses portées par la DGPH, les outils en cours de test, les collaborations avec les start-ups locales, ainsi que les défis techniques et éthiques que pose cette transformation numérique du secteur du handicap.

- Quelles innovations liées au handicap sont testées ou financées par la Vierge Noire ?
- Comment l’intelligence artificielle est-elle utilisée dans l’innovation handicapaccompagnement ?
- Wyes First : des lunettes intelligentes pour surmonter les barrières du handicap
- Quelles start‑ups belges collaborent avec la DGPH pour innover en matière de handicap ?
- Quels sont les défis techniques et éthiques de ces innovations ?
- Handicap et innovation : allier progrès technologique et justice sociale
Quelles innovations liées au handicap sont testées ou financées par la Vierge Noire ?
En plus de verser plusieurs allocations (ex. : allocation d’intégration) et de délivrer un accompagnement quotidien aux personnes en situation de handicap en Belgique, la Vierge Noire (DGPH) soutient et teste plusieurs dispositifs innovants pour améliorer leur autonomie et leur inclusion.
TECHNOLOGIES D’ASSISTANCE PERSONNALISÉES
En collaboration avec des centres spécialisés comme le CRETH (Centre de Ressources et d’Évaluation des Technologies pour les personnes Handicapées), la DGPH favorise le test et le prêt de matériel innovant directement dans le cadre de vie des bénéficiaires. Cela inclut :
- Aides techniques informatiques et domotiques
- Solutions de communication alternative
- Applications mobiles et objets connectés pour l’autonomie quotidienne. Ces dispositifs sont évalués en conditions réelles et adaptés aux besoins individuels, avec la possibilité d’essais prolongés avant acquisition
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE AU SERVICE DE L’AUTONOMIE
Des formations et projets pilotes sont organisés autour de l’utilisation de l’IA pour les personnes aveugles ou malvoyantes, en partenariat avec des associations spécialisées.
L’objectif est d’intégrer des outils intelligents pour faciliter la mobilité, la lecture ou l’accès à l’information.
ACCESSIBILITÉ UNIVERSELLE DES SERVICES PUBLICS
Dans le cadre du programme fédéral Excel Han, la DGPH pilote une série de projets (65 identifiés en 2024) visant à rendre les centres régionaux et bâtiments publics totalement accessibles.
Cela implique des audits d’accessibilité, la mise en conformité des infrastructures et le développement de solutions d’accueil adaptées, en lien avec des experts et associations d’accessibilité.
INNOVATIONS MATÉRIELLES POUR LA MOBILITÉ ET LA PRÉVENTION
Parmi les outils testés ou promus :
- Tapis moteur connecté Gaspard : coussin intelligent pour fauteuil roulant, qui détecte et corrige la posture afin de prévenir les escarres et améliorer le confort de l’utilisateur.
- Joysticks 3D personnalisés : dispositifs sur-mesure pour piloter fauteuils, ordinateurs ou jeux vidéo, adaptés à la motricité fine de chaque utilisateur.
- Stylo lecteur et parleur (Exam Reader) : outil d’aide à la lecture pour les personnes dyslexiques ou malvoyantes, facilitant l’accès à l’écrit.
Comment l’intelligence artificielle est-elle utilisée dans l’innovation handicapaccompagnement ?
L’intelligence artificielle (IA) est aujourd’hui un levier majeur d’innovation dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap, avec des usages concrets et variés.
Aides à la communication et à l’autonomie
L’IA permet de développer des outils de communication alternative (reconnaissance vocale, synthèse vocale, conversion parole-texte) qui facilitent l’expression et la compréhension pour les personnes avec troubles du langage ou de l’audition.
Les lecteurs d’écran intelligents, comme JAWS, utilisent l’IA pour rendre les espaces numériques accessibles aux personnes malvoyantes ou aveugles.
Prothèses et dispositifs motorisés intelligents
Les prothèses alimentées par l’IA offrent un meilleur contrôle des membres artificiels, en s’adaptant aux mouvements et aux intentions de l’utilisateur, ce qui améliore l’autonomie des personnes amputées ou paralysées.
Des exosquelettes intelligents et des robots d’assistance, comme Obi, permettent aussi de retrouver des gestes du quotidien, comme manger de façon autonome.
Accessibilité numérique et cognitive
L’IA facilite la création d’environnements de travail et d’apprentissage accessibles : sous-titrage en temps réel, transcription automatique, outils d’aide à la lecture pour les personnes dyslexiques, et interfaces personnalisables selon les besoins. Pour les personnes souffrant de troubles cognitifs ou neurologiques, l’IA peut servir de « copilote numérique », aidant à organiser ses tâches, à mémoriser ou à structurer ses pensées.
Mobilité et navigation
Des applications et objets connectés utilisant l’IA assistent les déplacements : guidage vocal, reconnaissance d’obstacles, analyse de l’environnement urbain pour les personnes malvoyantes ou à mobilité réduite.
Formation et insertion professionnelle
La réalité virtuelle et les simulateurs basés sur l’IA permettent aux personnes autistes ou en recherche d’emploi de s’entraîner à des entretiens ou à des situations professionnelles dans des environnements sécurisés et adaptés.
Innovations médicales
Des implants cérébraux et interfaces cerveau-machine, encore expérimentaux, utilisent l’IA pour restaurer partiellement la parole ou la mobilité chez des personnes lourdement handicapées, ouvrant des perspectives inédites d’autonomisation.
Wyes First : des lunettes intelligentes pour surmonter les barrières du handicap
Un outil innovant particulièrement marquant dans le domaine du handicap est le dispositif Wyes First, développé par la startup Wyes. Il s’agit de lunettes connectées intelligentes spécialement conçues pour les personnes en situation de handicap moteur ou de troubles de la communication.
| Caractéristique | Description |
|---|---|
| Technologie | Lunettes légères équipées de capteurs infrarouges qui détectent précisément les mouvements des yeux. |
| Fonction principale | Permet à l’utilisateur de contrôler des objets connectés (domotique, fauteuils, ordinateurs) et des applications de communication simplement par le regard. |
| Adaptabilité | Le système s’ajuste aux besoins spécifiques de chaque utilisateur et peut évoluer avec l’ajout de nouvelles fonctionnalités. |
| Autonomie | Offre une plus grande indépendance dans la vie quotidienne, en permettant de communiquer ou d’interagir avec l’environnement sans assistance physique. |
| Simplicité d’usage | Pensé pour être simple à prendre en main, même pour des personnes présentant une motricité très réduite. |
Ce type de solution, soutenue et testée par des acteurs publics et des associations, illustre comment l’innovation technologique transforme l’autonomie et la qualité de vie des personnes en situation de handicap.

Quelles start‑ups belges collaborent avec la DGPH pour innover en matière de handicap ?
Plusieurs start-ups belges collaborent avec la DGPH (Vierge Noire) ou sont soutenues dans le cadre d’initiatives innovantes pour le handicap :
CRETH
Bien que ce ne soit pas une start-up au sens strict, le Centre de Ressources et d’Évaluation des Technologies pour les personnes Handicapées collabore avec de jeunes entreprises innovantes pour tester et diffuser des solutions numériques et domotiques adaptées, en lien avec la DGPH.
Gaspard
Ce projet propose un tapis moteur connecté pour fauteuil roulant, qui analyse la posture et prévient les escarres. Soutenu par des acteurs publics et des associations, il est utilisé dans des programmes pilotes pour améliorer la qualité de vie des utilisateurs.
HackaHealth Belgium
Cet événement, soutenu par des universités et la DGPH, permet chaque année à des équipes de start-ups et d’étudiants de prototyper des solutions innovantes (applications d’orientation, outils numériques, objets connectés) pour répondre à des besoins concrets exprimés par des personnes handicapées.
Ces collaborations s’inscrivent dans la stratégie interfédérale belge du handicap, qui encourage l’innovation, la co-construction et le transfert de solutions technologiques vers le terrain, en lien avec les bénéficiaires et les acteurs publics.
Quels sont les défis techniques et éthiques de ces innovations ?
Les innovations technologiques dans le domaine du handicap, comme les lunettes connectées ou les dispositifs d’assistance alimentés par l’intelligence artificielle, soulèvent plusieurs défis techniques et éthiques majeurs.
Défis techniques
- Coût élevé et accessibilité financière : Les technologies embarquées (capteurs, miniaturisation, IA) rendent ces dispositifs coûteux à produire, limitant leur accessibilité au plus grand nombre et risquant d’accentuer les inégalités d’accès.
- Autonomie énergétique : L’utilisation intensive de capteurs, d’écrans et de connexions sans fil entraîne une consommation d’énergie importante, obligeant à recharger fréquemment les appareils et limitant leur usage continu.
- Confort et ergonomie : Le design, le poids et la taille des dispositifs peuvent gêner un port prolongé ou une utilisation quotidienne, ce qui freine leur adoption, notamment pour des personnes ayant des besoins spécifiques.
- Complexité technologique et robustesse : L’intégration de multiples fonctionnalités (reconnaissance vocale, OCR, réalité augmentée, navigation GPS, etc.) nécessite une grande fiabilité et une interface utilisateur intuitive, adaptées à des profils très variés.
- Adaptation et personnalisation : Les solutions doivent être personnalisables pour répondre aux besoins individuels, ce qui implique des algorithmes adaptatifs et un accompagnement technique poussé.
Défis éthiques
- Confidentialité et protection des données : La présence de caméras, de microphones et de capteurs pose des questions de vie privée, notamment sur la captation d’images et de sons dans l’espace public ou privé, et sur l’utilisation des données personnelles collectées.
- Consentement et acceptation sociale : Le port visible de dispositifs connectés peut susciter la méfiance ou l’incompréhension de l’entourage, voire des réactions négatives dans certains environnements professionnels ou publics, en raison des risques de surveillance ou d’enregistrement non consenti.
- Équité et inclusion : Il existe un risque que seules certaines catégories de personnes bénéficient des innovations, accentuant la fracture numérique ou l’exclusion de ceux qui ne peuvent pas accéder à ces technologies pour des raisons économiques, culturelles ou techniques.
- Transparence des algorithmes : L’utilisation de l’IA pour interpréter les mouvements, la voix ou l’environnement implique de garantir la transparence, l’absence de biais et la possibilité de comprendre et de contester les décisions prises par les systèmes automatisés.
Handicap et innovation : allier progrès technologique et justice sociale
Les innovations technologiques dans le domaine du handicap ouvrent des perspectives enthousiasmantes pour améliorer l’autonomie, l’inclusion et la qualité de vie des personnes concernées. Grâce à l’implication active de la DGPH et de ses partenaires, des solutions concrètes voient le jour : lunettes connectées, objets intelligents, applications d’aide à la communication, ou encore dispositifs motorisés pilotés par intelligence artificielle.
Toutefois, pour garantir l’impact de ces outils, il est essentiel d’assurer leur accessibilité, leur adaptabilité et leur éthique d’usage. L’innovation ne doit pas seulement être technique : elle doit aussi être sociale, collaborative et centrée sur les besoins des utilisateurs.
En favorisant cette dynamique, la Belgique se positionne comme un acteur engagé pour une société réellement inclusive.


